Ce matin, qu’il s’agisse d’un voile de fumée d’incendies lointains ou d’une tenace brume matinale, le ciel demeurait obscurci. La percée du soleil restait timide et vacillante, tandis que je pratiquais Sūryanamaskār, la salutation au soleil naissant.
Hommage qui me reliait aux pūjā de l’Inde et, plus particulièrement, à l’ārti.

Dans la tradition hindoue, le pūjā est un rituel de dévotion où l’on offre à la divinité des fleurs, de l’encens, de la nourriture ou de la lumière, en signe de respect et de gratitude. Il peut se vivre dans l’intimité d’un autel domestique (mandir) ou de façon collective dans les temples.

Parmi les moments les plus saisissants du pūjā se trouve l’ārti, l’offrande de lumière, qui consiste à faire tournoyer, devant une statue ou un symbole de la divinité, une lampe à huile (dīpa), posée sur un plateau ou dans un bougeoir rituel.

Cette lampe peut être simple — un petit récipient en laiton ou en argent rempli d’huile et d’une mèche — ou richement orné, avec plusieurs flammes, lors des grandes cérémonies.
Dans la cosmologie hindoue, la lumière est une manifestation de la śakti (l’énergie divine), et le feu (Agni) est le messager qui transmet l’offrande au monde divin. Faire tournoyer la lampe devant la divinité revient à honorer sa présence, à l’entourer de clarté et à reconnaître sa nature comme source de toute conscience.

Le rituel se conclut souvent par la présentation de la flamme à l’assemblée, chacun passant ses mains au-dessus du feu avant de porter ce souffle lumineux à ses yeux ou à son front.
Et, quelles que soient nos croyances, lorsque nous recueillons ainsi cette lumière pour la porter à notre front, c’est bien la lumière de la conscience que nous accueillons en nous. Gratitude.

Photo Sylvie Tallon Varanasi oct 2023