Troisième escale avant notre départ en octobre pour notre voyage » yoga et spiritualité au Rajasthan » …
Des marchés rajasthanais au pratyāhāra
L’Inde, pays des senteurs et des saveurs sacrées
Depuis l’Antiquité, l’Inde est un carrefour d’épices et de fragrances qui fascine voyageurs et marchands. Les textes védiques eux-mêmes mentionnent certaines plantes aromatiques utilisées à la fois pour la cuisine, la médecine et le culte. Les marchés indiens, avec leurs pyramides d’épices, leurs guirlandes de fleurs et leurs effluves mêlés, perpétuent une tradition millénaire où les sens ne sont jamais séparés du sacré.
Safran aux reflets d’or, cardamome au parfum suave, santal au bois aromatique, jasmin aux notes suaves… Chaque senteur est un fragment d’histoire et de géographie, véhiculant les échanges entre régions et civilisations.
Le Rajasthan et ses notes singulières
Si ces fragrances parcourent tout le sous-continent, le Rajasthan possède une identité olfactive qui lui est propre.
- Curcuma (haridra) : symbole de pureté et de prospérité, il est mentionné dans les traités ayurvédiques pour ses propriétés médicinales et figure dans de nombreux rites de passage.
- Cumin (jeeraka) : son arôme, libéré par la torréfaction, est l’âme de nombreux plats du désert, où les épices réchauffent et stimulent la digestion.
- Coriandre (dhānyaka) : fraîche ou en graines, elle équilibre le feu des préparations épicées, en accord avec la sagesse ayurvédique des saveurs.
- Clou de girofle et cannelle : héritage des routes maritimes, intégrés aux plats festifs et aux boissons réconfortantes.
- Rose : à Pushkar et dans d’autres cités, ses pétales sont distillés pour produire une essence rare ou confits en gulkand, nectar sucré offert autant aux divinités qu’aux hôtes de marque.
Ces senteurs se retrouvent dans les cuisines, mais aussi dans les temples : lait au safran présenté sur l’autel, fumée de santal accompagnant les mantras, pluie de pétales bénissant l’assemblée.
Du parfum extérieur au sens subtil
Dans la philosophie yogique, l’odorat (ghrāṇa indriya) est l’un des cinq jñānendriya, organes de connaissance sensorielle. Son objet spécifique (tanmātra) est la fragrance (gandha), perçue par le nez mais aussi par la mémoire sensorielle.
L’odorat, plus encore que la vue ou l’ouïe, est relié à la mémoire profonde, capable de réveiller une émotion ou un état intérieur. Dans la pratique, il peut devenir support de concentration : le parfum du santal lors d’un pūjā, celui des pétales de rose dans la main, ou même le souvenir d’un marché saturé d’épices.
Le yoga classique évoque le pratyāhāra, repli des sens vers l’intérieur, comme l’étape charnière entre le lien au monde extérieur et l’expérience méditative. Les fragrances, en saturant d’abord l’espace de perception, peuvent ensuite guider ce retrait et inviter à tourner l’attention vers la source même de la perception. Dans la pratique du Yoga de l’Énergie, cette expérience devient plus subtile encore : elle rend perceptible la vibration propre à l’indriya, ressentie comme un frémissement intérieur qui précède le silence.
Les saveurs et les parfums deviennent alors des passerelles entre les indriya — les sens — et l’espace silencieux de la conscience.
Lors de notre voyage au Rajasthan, en octobre, nous suivrons ce fil invisible qui relie les saveurs et les rituels, de la cuisine aux offrandes.
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Sylvie – sylvie@syoga.fr